Le Zeer pot ou pot dans un pot est un système de réfrigération mis au point par l'enseignant Nigérien Mohammed Bah Abba en 1995 pour aider des familles à conserver leur aliment. Il y a des traces de cette technique dans l'histoire qui dateraient de -2500 avant J-C.
Le Zeer, qui sert avant tout à conserver des légumes, utilise le principe de l’évaporation de l’eau pour refroidir l’intérieur. Tout d’abord, il faut rappeler que l’évaporation est le passage d’un état liquide à un état gazeux. Lors de ce changement d’état en particulier, l’eau absorbe des calories ce qui signifie une baisse de la température. Dans le cas du Zeer c’est au contact de l’air, par la surface externe, que cette évaporation se produit et donc l’intérieur du pot est plus froid. Le sable sert à bien répartir l’eau dans l’ensemble du dispositif.
Les techniques de poteries artisanal et matériaux vernaculaires utilisés pour sa construction le rendent entièrement low-tech. Dans le contexte du réchauffement climatique le Zeer pot devient une alternative aux frigos et aux climatiseurs en ne consommant que l'eau nécessaire à son fonctionnement.
L'utilisation de ces pots en occident nécessite un changement de comportement. Cela veut dire moins de consommation de viande et moins d'aliments surgelé.
Le Processus de fabrication du Zeer pot permet d'en produire en grande quantité à conditions d'avoir l'argile disponible. C'est un objet pragmatique, sa forme arrondie permet une fabrication rapide avec une bonne solidité. La production en série de cet objet se fait à la main ce qui en fait un outil peu gourmand en énergies. De plus, il sera entièrement biodégradable et recyclable en cas de casse.
La simplicité du procédé rend l'objet accessible à tous et toutes il est donc possible d'en faire l'expérience de s'approprier la technique.
Aéro-Seine est un projet conçu par Isabelle Daëron pour lutter contre les Îlots de Chaleur Urbains (ICU) à Paris. Il a été créé en 2018 dans le cadre du concours FAIRE Paris qui aides au développement de projet dans la ville.
Ce dispositif permet un refroidissement de l'air ambiant par l'évaporation de l'eau dans l'air. En arrivant près de ce point d'eau il fait donc plus frais, un peu comme par magie puisque toute la tuyauterie d'Aéro-Seine est caché sous terre ce qui rend sont fonctionnement invisible et dissimule la technique au public. Il y a ici une barrière très franche qui s’établit entre la designere et les usager.e.s.
Il est dommage que ce dispositif ait été construit au beau milieu du bitume qui est lui-même une grande cause des îlots de chaleurs urbain. À cause de cela il me semble que ce projet perd en force symbolique et cela amoindrie l'impact bénéfique.
Ce dispositif sera très utile pendant les canicules mais de par sa complexité il ne pourra pas être installé dans toutes les villes ou bien avec beaucoup d’énergie, ainsi il reste hors sols dans son rapport à l'urgence du réchauffement climatique.
Le ventilateur Dyson AM06 est une création de James Dyson dans l’entreprise anglaise qui porte son nom, c’est un objet qui est fabriqué en grande série et vendu dans différents pays du monde. « Comment se rafraîchir sans un bruit et sans danger ? » est le point de départ des ingénieurs de l’entreprise.
C’est un ventilateur sans pâle qui a été pensé pour être le plus efficient possible dans un contexte de réchauffement climatique où le rafraîchissement va prendre en importance et où les énergies vont se faire rare. En effet, une turbine placée dans la base achemine l’air dans le cercle au-dessus puis va être propulsé vers l’avant entraînant avec lui, par effet d’aspiration, l’air environnent. En tirant en partie son efficacité de l’effet venturi (de par sa forme aérodynamique) l’air véhiculé est conséquent par rapport à la consommation électricité fournie.
Le premier ventilateur conçu est facilement réparable et très solide mais très dangereux car il est dépourvu de carter de protection. Il est aussi très lourd. Son aspect un peu brut met la technique à disposition de tout le monde. Il n’y a presque rien à démonter pour voir les mécanismes.
Le deuxième ventilateur est le type de ventilateur le plus couramment vendu et utilisé de nos jours. Il n’est plus dangereux mais la technique commence à être caché. Seul les pâles sont apparente, mais on peut toutefois comprendre comment l’air est produit au premier coup d’œil.
Les formes lisse avec l’absence de pâles facilite le nettoyage de cette dernière catégorie de ventilateur. Cela amène aussi une dimension magique à l’objet, l’air produit sort de cet anneaux sans qu’un seul mécanisme n’ai été révélé. On peut aussi noter l’absence de panneaux de contrôle sur cet objet car, à part un bouton on/off, il est programmable uniquement par télécommande, ce choix est crucial pour la conception de l’objet car il permet d’une part de ne pas avoir d’écran à intégrer à l’objet, rendant l’aspect extérieur simple visuellement, mais d’autre part il amène un inconfort quant à la perte éventuelle de la télécommande et donc l’obligation de garder celle-ci à portée de main.
Ce ventilateur est destiné à une certaine catégorie de personne qui auront les moyens de s’acquitter de la somme de 299€ pour se rafraîchir. Cet outil très performant est donc réservé a un certain statut, il ne crée pas plus d’inégalité mais il peut être, à mon avis considéré comme un luxe.
Dans le contexte du réchauffement climatique ce ventilateur joue tout de même un rôle important car il apporte un confort et une efficacité qui n’était pas présente chez ses prédécesseurs. Il constitue une solution aux rafraîchissements des postes de travail qui permet de ne pas déranger les personnes autour grâce à son faible niveau de pollution sonore.
Cependant un équipement plus efficient n’est pas forcément plus écologique car, dans ce cas précis, cette efficience énergétique et le confort sonore incitent finalement à utiliser le ventilateur plus souvent et donc de consommer autant qu’un ventilateur classique dont ont se serait lassé plus vite.
L’aspect extérieur lisse, correspondant à l’usage, réalise un contraste fort avec la turbine intérieure que l’on rapporte à la technique. Le choix de cacher la technique a été fait délibérément de manière à rendre la compréhension de l’objet plus « simple », pourtant, ne pas être en capacité de voir la technique rend au bien contraire cet objet aliénant car il retire leur capacité aux individus de s’affranchir de cet objet et d'en prendre pleinement possession. Ce n’est pas un objet qui incite au démontage ou à la réparation.
Il y a là un asservissement dans deux sens : Les utilisatrices et utilisateurs dominent le dispositif en le télécommandant, on est dans un rapport de vassalité, mais celui-ci les assujetti.e.s de par sa complexité et son opacité.
C’est un objet qui est conçu du point de vue du designer ingénieur qui va chercher à résoudre tous les problèmes techniques mais qui ne va pas forcément chercher à mettre de la poésie dans l’objet.